Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 8 juillet 2010

Le four-pack des djeunes


Dans la série « le sauternes, le bonheur », voici le rayne-vigneau. Ce terroir superbe est la propriété de CA Grands crus, filiale du Crédit agricole. Cette société compte aussi dans son portefeuille les châteaux Meyney, bourgeois de Saint-Estèphe, Grand-Puy-Ducasse, 5e GCC à Pauillac et Blaignan, un médoc. L’ensemble est dirigé par Thierry Budin, un Champenois au parcours éloquent, l’homme qu’il faut au bon endroit. Voilà qu’il sort un pack de quatre flacons de 25 cl, bouchés à vis, pour vendre plus et plus facilement son rayne-vigneau à une population de jeunes gens qui, autrement, n’oseraient pas ouvrir une bouteille de 75 cl. C’est dire si l’effort d’éducation restant à entreprendre sur le sauternes est considérable. Au lieu de taper dans le produit nouveau, il aurait pu, par exemple, expliquer à la jeunesse avide d’apprendre qu’on peut ouvrir une bouteille de sauternes, en boire un verre ou deux et la laisser jusqu’à trois semaines ouverte au frigo avant d’y revenir. Le sauternes ainsi exposé n’aura pas souffert et aura, au contraire, développé des arômes qui n’étaient pas présents à l’ouverture. Pour être complet, rappelons que ce conditionnement n’est pas nouveau. Le Château d’Arche, honnête sauternes, magnifique chartreuse au-dessus du village, le fait depuis plusieurs années en pack de trois 25 cl bouchés liège. Tous ces efforts pour donner le goût du sauternes aux générations montantes sont louables et nous applaudissons.
Autre nouveauté (et vraie bonne nouvelle) chez Rayne-Vigneau. Une cuvée baptisée Gold (oui, comme la bière). Une sorte de parcellisation de parcelles qui a donné en tout trois barriques, soit quelques centaines de bouteilles d’un très grand sauternes dans le millésime 2005. Prochain millésime 2009, comme une sorte de testament de l’ancien directeur parti à la retraite ces jours derniers, l’expression ultime de rayne-vigneau. Bravo. La dernière annonce de la maison concernait l’arrivée prochaine de Le Sec de Rayne-Vigneau, à la manière de ce qui existe ailleurs, Y d’Yquem, M de Malle, S de Suduiraut, R de Rieussec, etc. Ils font tous du blanc sec, très souvent très bon. Si cela contribue au maintien du modèle économique compliqué des sauternes, nous ne pouvons qu’être d’accord.
Dernier point. Boire un verre ou deux (voire trois) de sauternes n’est pas une performance ébouriffante, c’est un bonheur au goutte à goutte. Aimer le sauternes dénonce sûrement l’amateur convenablement éduqué, celui qui a le sens du plaisir chevillé au corps, dans ses expressions les plus diverses. Si Robert de Niro dit que « once you go black, you never come back », moi je dis qu’aimer le sauternes est une quête sans fin parfaitement délicieuse qui peut s’apparenter aux préoccupations de dear Bob. Comme en témoignait l’extraordinaire 1955 aux reflets d’acajou foncé qui a conclu notre réunion, comme si elle ne devait jamais s'achever.

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